Voilà un groupe qui ne m’a jamais déçu. C’est rare que sur une carrière de 12 ans et 8 albums une formation ne connaisse pas des bas ou des erreurs de parcours. Shearwater, une bande menée par l’ornitologue Jonathan Meiburg, figure sur cette courte liste. Et à chaque fois que je tombe sur une chanson de Shearwater dans mon mix de chansons sur mon lecteur digital, c’est comme une bouffée d’air frais: je me dis « wow, pourquoi n’écouté-je pas plus souvent cet excellent groupe? ».

« Animal Joy », vous l’aurez compris, est le digne successeur de « The Golden Archipelago », « Rook » et « Winged Life », pour ne nommer que trois albums majeurs. Il est peut-être même le meilleur du lot, mais ça, on l’établira lorsque le petit dernier aura atteint le même nombre d’écoutes que les précédents. Un disque aux superbes mélodies, à la fois complexes et accessibles (écoutez la jolie ligne vocale sur Animal Life, en ouverture d’album) supportées par une rythmique pas toujours orthodoxe (bienvenue aux xylos, clochettes, contretemps) mais certainement entraînante, comme You As You Were, une chanson qu’il ferait bon hurler en courant jusqu’en haut d’une falaise. Vous me trouvez sans doute cinglé d’évoquer de telles images, mais croyez-moi, le fait que Meiburg soit un amoureux des oiseaux déteint très certainement sur la musique de sa formation.

 

Dans les moments plus planants (eh oui), comme Insolence, le rythme de Thor Harris (un excellent percussionniste, soit dit en passant) laisse toute la place à la très belle voix, puissante et souple du leader, sans pour autant sabrer dans la créativité. Le travail au niveau du son du snare y est remarquable. Audacieux sans être dérangeant. Le groupe de Austin au Texas fait une rare incursion dans un style plus brut vers le garage rock sur Immaculate, un titre qui fait bouger et rappelle davantage The The, en plus punché. Dès le morceau suivant, Shearwater revient vers les mélodies gracieuses qu’ils affectionnent. À ce niveau, on n’est pas loin de ce que fait Morrissey bien que Meiburg ne sonne jamais aussi diva que l’ex-leader des Smiths.

 

Le rock de Shearwater est à donner en exemple pour ce qui est de l’intensité sans débordement, ainsi que sur le plan de la puissance vocale qui ne fait jamais ombrage aux autres instruments. Un équilibre parfait, une direction artistique exemplaire. Un album chaleureusement recommandé.

Sachez qu’un « shearwater » est le nom anglophone d’un puffin, ces oiseaux proches des albatros qui font de grandes migrations. Ils partent chaque année de la Nouvelle-Zélande pour atteindre la région arctique, parcourant près de 64 000 kilomètres par année!

shearwater

SHEARWATER
Animal Joy
(Sub Pop, 2012)

-Genre: rock cérébral et planant
-Dans le même sillon que Surface of Atlantic, XTC, The The

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*cet article est initialement paru chez emoragei magazine

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Mélomane invétéré plongeant dans tous les genres et époques, Nicolas Pelletier a publié 6 000 critiques de disques et concerts depuis 1991, dont 1100 chez emoragei magazine et 600 sur enMusique.ca, dont il a également été le rédacteur en chef de 2009 à 2014. Il publie "Les perles rares et grands crus de la musique" en 2013, lance le site RREVERB en 2014, et devient stratège numérique des radios de Bell Média en 2015, participant au lancement de la marque iHeartRadio au Canada en 2016. Il dirige maintenant la stratégie numérique d'ICI Musique, la radio musicale de Radio-Canada.