Parmi les gens les plus passionnés par la musique, il y a ceux et celles qui travaillent dans l’industrie: chez les labels, les relationnistes de presse, les promoteurs de concerts, les gestionnaires de salles de concerts, les journalistes culturels, etc. RREVERB propose une série d’entrevues en profondeur avec les artisans passionnés de la musique.

Cette semaine, rencontrons…

SYLVAIN LACHAPELLE

PRÉSENTATION

Quel est votre nom, quel est votre rôle dans l’entreprise musicale où vous travaillez, et depuis quand y œuvrez-vous? D’où êtes-vous et où vivez-vous maintenant?

Sylvain Lachepelle

photo: Claudia Di Min

Je suis Sylvain Lachapelle, gérant d’artistes et producteur de disques. Originaire de Granby, habite à Montréal depuis 1996.

Quand avez-vous commencé à travailler dans l’industrie musicale?

Professionnellement, depuis 1993 comme animateur et DJ. J’ai fondé mon entreprise en relations publiques, La Chapelle Communications, en 1996 avec comme clients le célèbre DJ MC Mario, Los Del Mar, Fruit de la Passion, Jacynthe et ma maison de disques, La Chapelle Records, distribuée par Select, en 2004 ayant produit le dernier album de la légendaire Samantha Fox, la chanteuse Luisa Pepe ainsi que plusieurs compilations dance à succès.

Quand avez-vous commencé à aimer la musique?

C’est dur à dire, car il y a toujours eu de la musique à la maison. Ma mère est une grande fan d’Elvis. C’est cliché, mais je dois répondre que j’aime la musique depuis toujours.

À 20 ans, quel était votre rêve (dans le domaine musical)?

Devenir le plus grand gérant au monde. Mon idole est René Angélil. J’admire son dévouement pour son artiste et sa méthode de travail.  

Avez-vous été musicien/enne? Racontez-nous votre carrière.

Pas vraiment. Au secondaire, j’ai joué de la clarinette parce qu’il n’y avait plus de saxophones de disponibles, mais mon aventure en musique n’a duré qu’une année. J’ai toujours voulu jouer de la guitare. Malgré cela, mon oreille est très développée musicalement.

SUR L’INDUSTRIE MUSICALE

En vivez-vous? 

Oui. Malgré les hauts et les bas de l’industrie, j’en vis depuis 1993.

Est-il encore possible aujourd’hui de gagner sa vie dans l’industrie musicale? Que faut-il faire pour y arriver?

C’est une bonne question. Je dirais que oui, mais avec Internet et les réseaux sociaux, l’industrie musicale vit un grand bouleversement avec lequel il faut composer chaque jour afin de se réinventer, se renouveler et chercher des opportunités partout, car il y aura toujours de la musique présente dans le quotidien des gens.

Au risque de paraitre vieux jeu, je souhaiterais un retour à la bonne vieille méthode d’aller porter un CD en mains propres au directeur musical d’une station de radio, à un DJ dans un club, afin de mieux communiquer notre passion pour la musique. Internet a changé le monde et a bien des avantages, mais selon moi, il n’y a rien de mieux qu’un vrai contact humain pour faire de bonnes affaires.

Quelle(s) rencontre(s) a(ont) été déterminante(s) dans votre carrière dans l’industrie musicale?

J’en ai fait plusieurs. D’abord, il y a Gilles Dion, un animateur à la radio de Granby qui a senti ma passion pour la musique et les artistes et qui m’a offert la chance de commenter en ondes les spectacles que j’allais voir ou mes découvertes musicales pour ensuite m’offrir de travailler comme animateur et DJ pour la discothèque-mobile de la station CHEF 1450 AM.

Jean-Claude Aubin, un mentor qui m’a tout appris de la promotion des artistes en m’offrant de travailler avec Los Del Mar (Macarena) et plusieurs artistes dance des années 90. MC Mario est définitivement quelqu’un qui a marqué ma carrière puisque nous avons vendu plus de 3 millions de CD à travailler d’arrache-pied ensemble.

Ma rencontre avec l’icône Samantha Fox est sans aucun doute le plus enrichissant et le plus grand accomplissement de ma carrière, ayant produit son dernier album Angel with an Attitude en 2005. Produire et gérer une star internationale a toujours été mon plus grand rêve. Sonia Benezra est une amie précieuse qui m’encourage depuis plusieurs années. Comme vous voyez, je m’inspire de beaucoup des gens.

Voici le vidéo que j’ai produit pour Samantha Fox : Angel With an Attitude

Qu’aimez-vous dans votre emploi / occupation actuelle?

Découvrir de nouveaux talents. Les aider à réaliser leurs rêves et à s’accomplir à travers leur art et leur passion. Créer avec eux est un plaisir immense. Je m’accomplis aussi à travers eux.

Que changeriez-vous de l’industrie musicale d’aujourd’hui?

Je réglementerais encore plus les redevances aux artistes et aux producteurs pour toutes diffusions.

Quel grand rêve n’avez-vous pas encore accompli?

Je n’ai pas encore trouvé l’artiste de mes rêves pour me permettre de faire valoir mes talents de gérant et parcourir le monde entier en apportant du bonheur aux gens. Ce métier est l’un des plus beaux métiers du monde, mais aussi un des plus difficiles, car presque inhumain.

Le vinyle, la cassette, le CD ou le digital?

Je me sens vieux, car j’ai connu tous ces supports. Pour moi, il est important de manipuler le produit, le regarder, le toucher, le collectionner alors je dirais le CD. Il s’abime moins que le vinyle ou la cassette et est plus chaleureux que le numérique.  

SUR LES ARTISTES ET LA MUSIQUE

Vos styles de musique préférés? Est-ce que ç’a toujours été le cas dans votre vie?

Le pop, définitivement. Mais j’ai toujours été très versatile musicalement. J’aime découvrir de nouvelles sonorités et mélanger les styles. 

Sur une île déserte, vous emmèneriez ces 5 albums (pas plus).

  • Celebration de Madonna (son greatest hits le plus complet pour éviter d’apporter ses 13 albums),
  • Paint the Sky with Stars de Enya (pour relaxer),
  • l’incontournable Thriller de Michael Jackson,
  • M de Marie Mai, la plus internationale de nos artistes québécoises de cette génération
  • et je dois apporter Rebel Heart de Madonna, que j’écoute en boucle en ce moment et qui me fait beaucoup de bien.

Playlist!

Quel est l’artiste le plus sympathique que vous ayez rencontré?

Samantha Fox, une fille drôle, sympathique et attachante.

Qu’est-ce qui rend un artiste désagréable?

Un artiste avec un trop gros égo. L’égo tue le talent. Ce sont souvent ceux qui ne sont pas connus qui sont les plus désagréables. Ils pensent avoir du succès du jour au lendemain et se croient tout permis.

Quel artiste brillant aurait dû percer davantage, selon vous?

Sans contredit Sonia Benezra. Je n’ai jamais rencontré quelqu’un d’aussi attentionné pour les artistes qu’elle reçoit et faire son travaille avec amour et passion. C’est une des plus grandes intervieweuses au monde. Caroline Néron n’a pas été appréciée ni reconnue à sa juste valeur musicalement. Katee Julien a l’une des plus belles voix et mérite de se faire entendre beaucoup plus. Sa voix est puissante et réconfortante.

Qui aimeriez-vous rencontrer?

Madonna et René Angelil pour les remercier de m’avoir tant inspiré à faire le métier que je fais aujourd’hui. Ce sont des modèles de force, de détermination, de persévérance et de passion.

Merci Sylvain!

Pour en connaître davantage sur les albums des artistes dont s’occupe Sylvain Lachappelle, visitez son site web (logo ci-dessous).

disques lachapelle

 

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About The Author

Mélomane invétéré plongeant dans tous les genres et époques, Nicolas Pelletier a publié 6 000 critiques de disques et concerts depuis 1991, dont 1100 chez emoragei magazine et 600 sur enMusique.ca, dont il a également été le rédacteur en chef de 2009 à 2014. Il publie "Les perles rares et grands crus de la musique" en 2013, lance le site RREVERB en 2014, et devient stratège numérique des radios de Bell Média en 2015, participant au lancement de la marque iHeartRadio au Canada en 2016. Il dirige maintenant la stratégie numérique d'ICI Musique, la radio musicale de Radio-Canada.