Il est des voyages qui commencent quand on s’arrête. La musique nous emporte aux confins de l’autre, à la rencontre de ce que l’on ne connait pas ou au contraire aux souvenirs de ce que l’on a connu. Denis Plante est le gondolier de ce pèlerinage.

Et là, avec ses comparses, il avait posé ses valises dans  la petite salle surpeuplée de l’Église Saint-James the Apostle de Montréal; qui soit dit en passant a une programmation riche et éclectique et malheureusement trop peu connue. On s’abonne à leur fil Twitter pour ne rien manquer.

C’est à l’occasion de la sortie de leur nouvel opus, “Pampa Blues” que le trio québécois Tango Boréal nous offrait ce road trip musical.

D’un souffle,  ils nous  ont transportés dans les plaines de la pampa argentine,  guidé par le son du bandonéon de Denis plante, magnifique, chaud,  langoureux, rappelant les envolées des Maîtres comme Federico,  Piazzolla…

David Jacques à  la guitare et au charango démontrait aussi toute sa virtuosité,  supportant la complainte du bandonéon. La contrebasse de Ian Simpson encadrait le tout mettant la touche finale à cet ensemble parfait qu’est Tango Boréal.

Ces musiciens nous avaient déjà partagé les disques Tango Boréal en 2012, qui avait reçu le Prix Opus du meilleur album de l’année, ainsi que l’excellent 4 Buenos Aires. Ils ont depuis sillonné le monde, se produisant un peu partout.  C’est une musique magnifique et aguicheuse que nous offre ce trio. Un appel au voyage, rythmé d’anecdotes et de souvenirs de Denis Plante qui en a composé les pièces.

Denis Plante est un enfant de la balle, qui a grandi dans les valises de ses parents musiciens, les fondateurs de l’Ensemble Claude-Gervaise. Sa maitrise du bandonéon est d’autant plus stupéfiante  que cet instrument est arrivé tardivement et de manière inattendue dans sa vie. Il avait commencé étudier le hautbois puis la guitare à Concordia. Mais suite à un cours de tango,  il est littéralement tombé en amour avec cet instrument. En vendant ses guitares, il a pu alors s’acheter un bandonéon survivant de la série mythique Doble A. Sans professeur ni méthode, il se forge alors une technique, une maitrise unique de cet instrument. Et depuis, il a joué avec le groupe Quartango, Gilles Vigneault, Angéle Dubeau…

Bandonéon 1o1

En fouillant un peu l’histoire de cet étrange instrument qu’est le bandonéon, cette dernière se révèle tout autant intéressante et surprenante.
Il aurait été inventé en Allemagne dans des années 1850 par Heinrich Band pour créer un orgue d’église transportable et aussi peut-être pour remplacer le concertina dont la portée était trop limitée.  Il était utilisé alors dans les églises et dans des processions religieuses, mais aussi pour accompagner des valses et des polkas. C’est seulement au tournant du siècle que celui-ci apparait en Argentine. Il aurait été probablement apporté pas des immigrants fuyant la pauvreté et les persécutions de l’Europe centrale. Il devient alors l’allié inconditionnel du tango argentin, son instrument fétiche si on peut dire.

C’est le constructeur allemand Alfred Arnold qui marqua l’apogée de la construction de cet instrument. Son label (doble A) est encore aujourd’hui est la référence des professionnels. Malheureusement cet instrument n’est plus, à l’heure actuelle, fabriqué ce qui fait que ceux qui restent sont tous des antiquités.

Cet donc à une escale imaginaire  et historique que nous invite Tango Boréal avec son “Pampa blues”. Je vous invite à passer à l’écoute de ce merveilleux album ou à aller les voir puisqu’ils se produiront un peu partout durant l’année 2015.

tango-boreal-pampa-blues

TANGO BORÉAL
Pampa Blues
(ATMA Classique, 2014)

-Genre : tango classique
-Dans le même genre que Saramabalouf, Astor Piazzolla

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Blogueur - RREVERB

Manuel Gagnebin est multi comme un caméléon sous ritalin. Conservatoire en théâtre en suisse, travaille en cirque, danse et bien sûr musique. À la fois metteur en scène, comédien, enseignant, scénariste… Pourvu que ça change le plus souvent. Ce qui le fascine, c’est le mélange, dans ce qu’il voit, boit et écoute. De l’opéra, à la danse contemporaine, du classique au jazz, il aime les gens et leurs histoires. Bercé par Renaud puis élevé par Noir désir, il est passé par entre les mains des Pixies, de Henri Dès et de Keith Jarret. Quand je parle d’éclectisme. Et c’est toujours la rencontre avec la création qui le fascine, l’artiste, son parcours, l’expérience et le momentum…