Quiconque a déjà assisté au festival Osheaga a pu constater l’importante présence des Ontariens. Normal, l’évènement est de calibre international et la programmation a tout ce qu’il faut pour attirer nos voisins. 10 ans plus tard, voilà que Toronto tente aussi d’implanter avec régularité un festival d’envergure. WayHome est ainsi né l’an dernier, présenté à Oro-Medonte, dans ce que l’on pourrait appeler le terrain de jeu de la campagne torontoise.

Si quelques éléments de cette deuxième année se retranchent justement avec Osheaga, les têtes d’affiche elles étaient complètement différentes : les très attendus et nouvellement reformés LCD Soundsystem, les héros montréalais Arcade Fire exilés pour l’occasion (les deux groupes y faisaient leur seule apparition en sol canadien cette année) et les relativement moins excitants The Killers en cloture.

Commençons par le début : comment se rendre dans cette contrée située près de 90 minutes à l’extérieur de Toronto? La voiture demeure la meilleure option. L’expérience mise néanmoins sur la nature et le camping sur place, alors la congestion est plutôt rare avec une foule qui arrive et quitte à tout moment et non pas en fonction d’un horaire précis.

Cependant, une fois sur place, on se surprend à retrouver trois entrées potentielles et des bénévoles bien piètrement renseignés. Un long jeu d’essais et erreurs plus tard, on trouve finalement le bon accès… pour cette fois attendre plus d’une heure pour mettre la main sur nos billets. Résultat? Il est maintenant près de 19h, la journée est longue et la performance de Wolf Parade est déjà terminée quand on met enfin les pieds sur le (gigantesque) site.

La grange en arrière scène et ses projections, élément central de la section VIP du WayHome. Crédit photo: Karl-Philip M. G.

La grange en arrière scène et ses projections, élément central de la section VIP du WayHome. Crédit photo: Karl-Philip M. G.

On y trouve 4 scènes, juste assez proches pour tout attraper, mais assez éloignées pour ne pas que les performances s’entrechoquent. Après avoir passé une autre heure à tenter désespérément de démystifier l’obligatoire système de paiement par bracelet d’une incroyable complexité, on peut enfin attraper un premier show et bien qu’on aperçoit Metric au loin, c’est plutôt Foals qui nous gardera captifs pour la deuxième moitié de leur temps alloué. Énergiques et sympathiques, ils avaient la parfaite formule optimale pour débuter la soirée du bon pied. Le temps de voir du coin de l’oeil l’inspirante énergie de Chvrches, c’était déjà l’heure de se positionner pour le grand retour de LCD Soundsystem.

Ah, LCD Soundsystem. Y a-t-il une personnalité plus unique que James Murphy dans le milieu? Peu ont su conserver de la sorte leur authenticité en marchant sur une ligne si mince entre le succès commercial et d’estime. Éternel amateur de café, il a d’abord consacré les premières années suivant la dissolution de son groupe à développer son mélange à espresso parfait (!), avant d’ouvrir un excellent bar à vin minimaliste dans son incontournable Williamsburg alors qu’il s’affairait à produire le Reflektor de Arcade Fire.

James Murphy jasant candidement avec musiciens de LCD Soundsystem entre deux pièces. Crédit photo: Karl-Philip M. G.

James Murphy jasant candidement avec musiciens de LCD Soundsystem entre deux pièces. Crédit photo: Karl-Philip M. G.

Accumulant quelques nouvelles pièces au fil du temps, il a fini par conclure que personne n’était plus approprié pour les enregistrer que les musiciens de LCD. Essuyant quelques critiques pour la remise sur pied du groupe cinq ans après les très médiatisés adieux, il promettait de se faire « pardonner » en donnant tout pour faire de la tournée sa meilleure à vie, en plus d’enregistrer un album qui serait à la hauteur des précédents. Si celui-ci se fait toujours attendre, c’est promesse tenue pour la performance: jamais ne l’avait-on vu si souriant, léger, mais surtout en voix. Tout était impeccable, de la complicité des musiciens aux visuels dans les teintes aussi blanches que vives, sans compter sur le setlist presque trop parfait.

L’énergie était contagieuse et la foule absorbée. Fait notoire : le groupe a non seulement fait le meilleur de ses presque deux heures, il n’a pas lésiné sur les pièces les plus « agressives » du répertoire, enchainant « Tribulations », « Movement » et « Yeah ». Faisant une importante variation sur ses précédentes tournées, le groupe a choisi de jouer « New York I love You But You’re Bringing Me Down » à trois pièces de la fin et de clore plutôt sur le doublé « Dance Yourself Clean » et l’incontournable « All My Friends »… Une longue accolade plus tard, difficile de descendre du nuage. Bonne nouvelle, WayHome repousse le facteur temps et présente des spectacles jusqu’à 2h du matin, la limite légale, alors on peut encore flotter sur le site en se demandant « Where are my friends toniiiiiiiiiiiiiight… ? ».

Mac DeMarco sur la scène WayBold. Crédit photo: Karl-Philip M. G.

Mac DeMarco sur la scène WayBold. Crédit photo: Karl-Philip M. G.

Alors on se déplace du côté de Mac DeMarco, qui joue sous la tente dans une atmosphère à la fois festive et atmosphérique. Il a fait le meilleur de la foule et de ses musiciens, couvrant l’entièreté de son répertoire. Les solos brouillons de la fin étaient l’occasion parfaite d’aller se coucher avec le sourire encore sur le visage, parce que le samedi à venir réservait encore son lot d’incontournables. Bonne chaude et courte nuit aux campeurs, je cours me glisser dans un vrai lit pour apprécier la suite!

 

Réagissez à cet article / Comment this article

commentaires / comments

About The Author

Obsessif compulsif qui classe ses albums d’abord en ordre alphabétique d’artistes, puis de parutions (avec les simples sous les albums, question de confondre encore davantage les gens qui le visitent), Karl-Philip oeuvre dans l’industrie depuis plus d’une décennie. Il a touché à tout: maisons de disques, gestion de salles de spectacle et rédaction professionnelle pour de nombreux artistes. Il assiste à de nombreux shows lorsqu'il n'est pas désespérément en train d'essayer de faire de la place dans sa bibliothèque musicale.