Eric-Clapton-1974

Le brillant guitariste blues rock Eric Clapton est l’un des musiciens les plus influents de l’histoire du rock. Depuis ses 18 ans (1964), il fait sa marque sur scène et sur disque de façon presque constante. Il a connu beaucoup plus de hauts (Layla, Sunshine of Your Love, Crossroads, Tears in Heaven...) que de bas à travers sa carrière longue de 50 ans pendant laquelle il a lancé 21 albums studio en solo (en plus de ceux avec Cream, Derek & the Dominos, les Yardbirds, Blind Faith…) et joué d’innombrables fois sur toutes les scènes du monde, gagné 17 Grammy Awards et a été décoré Commander of the Most Excellent Order of the British Empire (CBE) en 2004. Rien que ça.

De l’une de ses meilleures périodes (au niveau musical) est sorti un grand album: le doux folk de “461 Ocean Boulevard” alors qu’il traversait des moments plus difficiles sur le plan personnel. Alcool, héroïne, amours difficiles avec l’ex de son pote George Harrison: le terrain était propice à chanter du blues et à pleurer son malheur. Pour une première fois dans sa (alors jeune) carrière de 10 ans en 1974, il troquait la guitare électrique pour l’acoustique, très présente sur cet opus et chantait avec une sensibilité qu’on ne lui connaissait pas. Ça a donné des petites perles comme Please Be With Me et Let It Grow.

C’est également sur “461 Ocean Boulevard” que l’on retrouve une rare incursion de Clapton dans le reggae: sa reprise de I Shot The Sheriff a littéralement propulsé un talent inconnu du nom de Bob Marley sous les réflecteurs, lançant un intérêt mondial envers le reggae, musique que les oreilles occidentales n’avaient jamais entendue auparavant (ou si peu). Cette chanson fut d’ailleurs le seul #1 de Clapton sur le Billboard 100 de sa carrière! Et dire qu’il ne voulait pas la placer sur cet album. Heureusement que ses amis musiciens – dont George Terry, qui lui avait fait découvrir – ont insisté pour qu’elle y soit!

“461 Ocean Boulevard” contient également d’excellents blues dans lesquels le Slowhand prend le temps de jouer chaque note en la sentant au maximum (Aint That Loving You). Les musiciens qui l’entourent (Carl Raddle à la basse, Yvonne Elliman au chant, Dick Sims aux claviers, George Terry à la guitare et Jamie Oldaker à la batterie) jouent avec parcimonie et groove, assez lentement mais très langoureusement pour laisser Clapton s’exprimer.

http://www.youtube.com/watch?v=7FWTZbIzl7E

Dernièrement, Eric Clapton a décidé de lancer des pistes jamais entendues (des “unreleased” comme on dit dans l’industrie), enregistrées dans la même période que ces classiques, avec sensiblement les mêmes musiciens. On y entend un Clapton qui souffre visiblement, au point d’émettre de gros soupirs sur l’enregistrement (Meet Me (Down At The Bottom)), ce qui n’a toutefois aucune prise sur son magnifique jeu de guitare. La réalisation, impeccable, est signée par Tom Dowd, qui a longtemps travaillé avec Clapton.

 

eric-clapton-461-ocean-blvd-deluxeArtiste : Eric Clapton
Album : 461 Ocean Boulevard (Deluxe Edition)
Étiquette : Polydor

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Mélomane invétéré plongeant dans tous les genres et époques, Nicolas Pelletier a publié 6 000 critiques de disques et concerts depuis 1991, dont 1100 chez emoragei magazine et 600 sur enMusique.ca, dont il a également été le rédacteur en chef de 2009 à 2014. Il publie "Les perles rares et grands crus de la musique" en 2013, lance le site RREVERB en 2014, et devient stratège numérique des radios de Bell Média en 2015, participant au lancement de la marque iHeartRadio au Canada en 2016. Il dirige maintenant la stratégie numérique d'ICI Musique, la radio musicale de Radio-Canada.