L’intéressante initiative annuelle de Poulet Neige d’offrir gratuitement 25 albums d’artistes émergents québécois à Noël chaque année m’a permis de découvrir plusieurs artistes. Certains très originaux, comme Caltâr-Bateau, un band de sept musiciens de Montréal. Évidemment avec un tel nom, ces musiciens sont des pures laines d’ici: « caltor » étant un dérivé de juron (calvaire) que seuls les 120% intégrés à la société québécoise utiliseront. Bien des « pure laine » ne l’utilisent pas. Passons à la musique au lieu de s’attarder à la linguistique régionale et culturelle… Caltâr-Bateau fait de la chanson folk très richement arrangée: non seulement on y entend de la clarinette, des violons ou de la flûte, mais un orchestre complet à certains moments où Alexandre Beauregard (guitare, mandoline, chant) et sa bande en ressentent le besoin, comme pour la finale de À force de vieillir, le premier morceau de leur album « Verbal Boisson 7 ». Les 7, en plus de Beauregard, sont : Étienne Dupré (basse, guitare, banjo, voix, percussions), Elyze Venne-Deshaies (saxophone ténor, clarinette, clarinette basse, flûte, voix), Eliott Durocher Bundock (guitare, synthétiseur, noise, voix), Gabrielle Girard-Charest (violoncelle, égoïne), Francis Ledoux (batterie, percussions, voix) et Alex Guimond (voix). Les paroles, et la réalisation de l’opus sont signés Beauregard/Dupré. Jean-Bruno Pinard a co-réalisé, enregistré et mixé l’album. Ils décrivent leur musique comme du « rock tourtière », soit un croisement entre le swing-hop et le mélodrame, connaissant la recette pour faire bouger et réfléchir au cosmos simultanément, dixit leur page BandCamp. Je n’aurais pas mieux dit. Voici quelques chansons. Alexandre Beauregard chante (parle) un peu comme Jean Leloup mais ses textes sont beaucoup plus surréalistes (pensez-y plus surréalistes que ceux de Jean Leloup). « C’est pourquoi j’ai des gants blancs / Pas encore prêt à toucher ton sang » chante-il dans le « refrain » de la pièce, Conquest?. Un délire à la VioleTT Pi, sans l’aspect punk rock. Il y a aussi beaucoup d’influences prog folk 70 dans la musique de Caltâr-Bateau, dont les morceaux excèdent souvent les 5 ou 6 minutes. Il y a du Harmonium dans leurs grandes lancées instrumentales. Une grande québécitude se dégage de plusieurs morceaux. On y ressent la grande tradition des chansons interprétées en groupe (Grande voyageuse) et l’esprit des partys d’ici. Et comme chez la bande à Fiori, les pièces sont à la base conçues à la guitare sèche, puis se développent (l’excellente Des choses). Parmi les influences plus récentes, on peut certainement évoquer des formations telles Lost In The Trees ou Caniche hara-kiri. Visiblement, on a affaire à des musiciens forts en free jazz, ouverts à toutes sortes de pistes musicales originales tout au long de leurs palpitants morceaux. On ne s’ennuie pas en écoutant « Verbal Boisson 7 ». Chaque pièce est riche et originale, avec un souci constant de surprendre l’auditeur (et probablement s’amuser en jouant ses pièces complexes). Alexandre Beauregard est une réelle voix originale, qui pourra faire son chemin, éventuellement égal à Stéphane Lafleur (Avec pas d’casque) ou Keith Kouna. CALTÂR-BATEAU Verbal Boisson 7 (indépendant, 2013) -Genre: folk prog surréaliste québécois -Dans le même trip qu’Harmonium, Caniche hara-kiri, Jean Leloup, Lost In The Trees, Yeasayer Lien vers l’achat en ligne (page BandCamp) Lien vers la page Facebook du groupe Lien vers le channel YouTube du groupe Réagissez à cet article / Comment this article commentaires / comments