La soprano québécoise Marie-Josée Lord n’a plus besoin de présentations. Celle qui se définit elle-même chanteuse lyrique présentait en première mondiale son spectacle « Femmes! », présenté dans le cadre du Festival de musique de chambre. Avec ce projet, elle entreprend un voyage dans l’émotion féminine, comme elle nous l’a confié hier à la Salle Bourgie. Lord parle d’ailleurs beaucoup dans son spectacle, et l’attachante chanteuse injecte sa personnalité charismatique tout au long de ses interventions et des pièces qu’elle interprète. Avec grand talent, il va sans dire. Marie-Josée Lord est accompagnée par trois musiciennes, soit la violoniste Ana Drobac, la violoncelliste Loredana Zanca et la pianiste Nathalie Tremblay. Elle laisse beaucoup de place à ses trois comparses qui livrent une belle performance, y allant de quelques envolées musicales intéressantes. Mais il n’y a pas de doute : la figure dominante du spectacle est Marie-Josée Lord et sa voix prodigieuse. Riche et portant, son organe vocal est poussé à des hauteurs incroyables, mais toujours en restant en contrôle et en restant juste. Très lyrique et dotée d’une technique impeccable, elle se permet aussi quelques coloratures. Le répertoire du spectacle est plutôt vaste, et Marie-Josée Lord nous a dit qu’elle entendait explorer quatre thèmes avec les différentes œuvres : l’amour, la vieillesse, la folie et la perte de la vie. Pour illustrer ces idées, elle interprète une dizaine de pièces, la très grande majorité étant des airs d’opéras connus. En musique populaire, elle nous a chanté La vie en rose, popularisée par Édith Piaf. L’interprétation est superbe, mais on la sent plus à l’aise et elle est plus convaincante dans le chant opératique (ou lyrique) que populaire. Ses performances d’airs de Thaïs (Massenet), Les Noces de Figaro (Mozart), Roméo et Juliette (Gounod), Madame Butterfly, La Bohème et Suor Angelica (Puccini a composé ces trois derniers opéras) ont été magnifiques. La belle surprise de la soirée a été l’interprétation d’un extrait de Salomé, opéra de Richard Strauss qui avait choqué beaucoup de critiques lors de sa première, en 1905. Sur le thème de la folie, cette pièce exigeante et complexe a été jouée avec beaucoup d’aplomb et de professionnalisme, alors que Lord dirigeait les trois musiciennes tout en chantant! Il faut finalement saluer le travail acharné de Marie-Josée Lord, qui tente de rendre accessible et de démocratiser la musique classique en général, et le chant lyrique en particulier. Son grand talent et son excellente présence scénique rendent cela extrêmement facile. On a beaucoup aimé ses interventions entre les pièces, dans le but de nous expliquer les enjeux et les thématiques des œuvres. Même s’ils gagneraient à être légèrement raccourcis, ces apartés sont rafraîchissants et pertinents. Tout comme celle qui nous les fait. Réagissez à cet article / Comment this article commentaires / comments