Je vous ai parlé, il y a un an, d’un magnifique concert qui m’avait vivement impressionné: le quatuor ukrainien Dakhabrakha chantait au Petit Théâtre Outremont (où la programmation est souvent sublime, soit dit en passant). J’avais été époustouflé par l’élégance, la passion, la créativité à travers la tradition de ces quatre artistes multi-instrumentistes, de surcroît. Plus que ravi, je me suis procuré leur plus récent album, “Na Mezhi” (ou На межі), qui date de 2009, à la sortie du concert, des mains des musiciens qui me l’ont gentiment signé.

Ce type de musique ne vieillit pas. Cet authentique mélange de musique traditionnelle et de pure fougue (comme sur Oy za lisochkom) et de moments plus intimes (Nad dunaem) rendent l’expérience rien de moins que transcendante. La profondeur du violoncelle et les percussions arabisantes viennent souvent amener une couleur dramatique et exotique en support à ces magnifiques voix, la plupart du temps féminines.

Mesdames Olena Tsybulska, Iryna Kovalenko et Nina Harenetska prennent à tour de rôle le chant et expriment à la fois le fond de leur âme que la douleur d’un peuple qui s’est fait brasser au fil des décennies. Je ne comprends évidemment pas un mot de ce qui est chanté sur ces sept pièces qui se déploient sur presque 60 minutes, mais je sens quand même très bien l’émotion. Il suffit de se laisser aller aux magnifiques voix, tout simplement.

 

Quelques morceaux sont largement instrumentaux, gracieuseté de l’homme du quatuor, Marko Halanevych. On y entend parfois de l’accordéon, parfois un type de cornemuse, du didgeridoo, beaucoup de violoncelle et de percussions. Sur Vesna, plus de quatre minutes s’écoulent avant qu’une voix humaine ne transperce l’espace. On y entend d’ailleurs très bien les différents timbres de voix des trois chanteuses dans ce morceau, puisqu’elles dialoguent.

Les fans des artistes à la fois authentiques et créatifs ainsi que bien ancrés dans les traditions musicales (et vestimentaires dans ce cas) de leur peuple tels que Ivá Bittová, Canzione Grecanico Salentino ou les Charbonniers de l’Enfer de Michel Faubert vont adorer Dakhabrakha, qui est du même calibre. Le mot « Dakhabrakha » est un dérivé des verbes « donner et recevoir », en ukrainien.

 

De plus, ces quatre musiciens étaient absolument sympathiques, pleins de bonne humeur sur scène et disponibles pour jaser un brin après le concert, signer des albums et échanger avec le public, expliquant la conception de leurs tenues spectaculaires, et étant authentiquement ravis de cet échange plus que culturel. De cette rencontre humaine haut de gamme.

“На межі” est le 3e opus de la formation. Trois autres sont parus depuis : « Light » en 2010, « Хмелева project » (2012) puis « Шлях » (2016).

dakhabrakha album

DAKHABRAKHA
Na Mezhi
(Ryra Records, 2014, originalement paru en 2009)

-Genre: traditionnel Europe de l’Est
-Dans le même esprit qu’Ivá Bittová, Canzione Grecanico Salentino, les Charbonniers de l’Enfer

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Mélomane invétéré plongeant dans tous les genres et époques, Nicolas Pelletier a publié 6 000 critiques de disques et concerts depuis 1991, dont 1100 chez emoragei magazine et 600 sur enMusique.ca, dont il a également été le rédacteur en chef de 2009 à 2014. Il publie "Les perles rares et grands crus de la musique" en 2013, lance le site RREVERB en 2014, et devient stratège numérique des radios de Bell Média en 2015, participant au lancement de la marque iHeartRadio au Canada en 2016. Il dirige maintenant la stratégie numérique d'ICI Musique, la radio musicale de Radio-Canada.