Cédric ManussetBALLAKÉ SISSOKO et VINCENT SEGAL : À la rencontre de l’autre Benoit Bergeron 2015/02/15 Albums, Genres Le Malien Ballaké Sissoko est un formidable joueur de kora (la harpe-luth mandingue à 21 cordes), sûrement l’un des meilleurs au monde. Il a collaboré entre autres avec le guitariste Taj Mahal et le pianiste Ludovico Einaudi. Il a rencontré le violoncelliste Vincent Segal lors du Festival de jazz d’Amiens en 2005. Pour sa part, Segal détient une formation classique et a participé à plusieurs projets particuliers, dont son duo trip hop Bumcello et un disque avec Piers Faccini. Ces deux virtuoses ont tranquillement développé une complicité musicale, et l’idée de produire un album ensemble s’est finalement concrétisée en 2009. Vincent Segal s’est rendu à Bamako, au Mali. En trois nuits, au studio Moffou de Salif Keita, le merveilleux « Chamber Music » a pris forme et est paru sur la maison de disque française No Format!. Le résultat est très convaincant, donnant un magnifique hybride entre la musique classique occidentale et la musique traditionnelle malienne. Le ton de l’album est très souvent méditatif, notamment sur la superbe chanson-titre qui ouvre l’album. On découvre aussi rapidement que Vincent Segal a un jeu particulier, avec une sonorité presque arabisante par moments. Le côté minimaliste se poursuit sur la deuxième pièce du disque, Oscarine, où les deux musiciens échangent des mélodies. Cette chanson est par ailleurs l’une des trois compositions de Segal sur l’album (les sept autres sont de Sissoko). Histoire de Molly a des influences celtiques, et la kora ressemble à une guitare classique! “Ma-Ma” FC contient une entraînant motif au violoncelle, et cette fois la kora sonne comme une harpe, y allant aussi d’un excellent solo. Les 10 chansons de l’album se retrouvent dans cette liste de lecture. Sur “Ma-Ma” FC, on retrouve aussi Demba Camara qui joue du karignan (instrument de percussion). Camara participe à quatre autres pièces au bolon. Fassery Diabaté et Mahamadou Kamissoko jouent respectivement du balafon et du ngoni sur la très belle Houdesti. Awa Sanagho apporte un supplément d’âme avec son chant sur Regret – À Kader Barry. Les trois dernières pièces de l’album sont superbes. Sur Halinkata Djoubé, la kora fait tout d’abord la mélodie, puis le violoncelle y va d’une belle envolée. L’échange entre les deux instrumentistes est inspirant sur l’émouvante Future. Mako Mady débute avec une longue plainte du violoncelle, qui est ensuite rejoint par la kora. Le métissage de « Chamber Music » prend la forme d’un dialogue introspectif et méditatif, où chacun est allé à la rencontre de l’autre. Basée sur le respect et l’écoute, la connexion entre Ballaké Sissoko et Vincent Segal semble très profonde. Chaque instrument apporte sa touche et sa couleur, dans le registre souvent plus aigu pour la kora, et grave pour le violoncelle. Mais jamais l’un des deux musiciens ne vole la vedette. Ils communiquent parfaitement, l’un apportant le rythme et l’autre la mélodie, et ensuite les rôles sont inversés. Ce disque est plutôt différent de l’afro-pop moderne auquel on est habitués. Il est en fait plus proche de la musique malienne traditionnelle, avec une superbe contribution d’un musicien formé en musique classique occidentale. VINCENT SEGAL ET BALLAKÉ SISSOKO Chamber Music (No Format!, 2009) -Genre : musique malienne traditionnelle Lien vers l’achat en ligne (iTunes) Lien vers la page Facebook de l’artiste BALLAKÉ SISSOKO et VINCENT SEGAL : À la rencontre de l'autre Originalité85% Authenticité90% Accessibilité75% Direction artistique90% Qualité musicale95%87%Overall ScoreReader Rating: (0 Votes)0%Réagissez à cet article / Comment this article commentaires / comments