Ça fait une dizaine d’année que je regarde Boogat aller. Depuis 2006 en fait. Sa chanson Funky Beat m’avait déjà séduit sur son album « Pattes de salamandre » dans laquelle il raconte les débuts de la scène hip-hop québécoise, citant au passage les Webster, Rainmen… Vraiment cool, et accrocheuse. Même si je n’étais pas un fan de hip-hop, j’avais remarqué le talent du Montréalais né en Amérique du Sud ayant grandi à Québec, que ses parents appellent Daniel Russo Garrido. C’est d’ailleurs sous son nom de naissance qu’il avait lancé son tout premier opus, « Tristes et belles histoires », en 2004.

Au fil des années, il démontre sa productivité avec une série de disques, de remix et de participations à divers projets, le forçant à se redéfinir constamment et à explorer de nouveaux territoires sonores. Il collabore avec Karim Ouellet bien avant qu’il soit connu. Poirier remixe ses chansons.

En 2013, il émerge avec un album plus latino que hip-hop, – ah! déjà j’accroche plus – entièrement en espagnol « El Dorado Sunset », ce qui l’amène à travailler avec Ariane Moffatt, Marie-Mai, gagner des prix Félix et développer sa carrière au Mexique et aux États-Unis. Il chante sur El Alto de la Paz, morceau qui se retrouve dans la populaire série américaine Homeland. Même si sa verve et son débit de paroles demeurent ceux d’un rappeur, la richesse musicale est multipliée par mille. Son public s’élargit.

boogat mexico

Fast forward de quelques années encore: au Gala de l’ADISQ, il collabore avec l’archipopulaire Marie-Mai en enrichissant de façon spectaculaire son C.O.B.R.A., qui devient sous les mains habiles de Boogat un plat épicé beaucoup plus relevé! C’est un peu le Wyclef Jean qui allume une Shakira, dans Hips Don’t Lie. Whoa! La pop prend une tout autre allure.

Fast forward jusqu’en 2015. Je reçois « Neo-Reconquista », le nouvel album de Boogat qui sortira le 5 mai. Et je suis « sur le cul ». Boogat prend carrément la route tracée par Manu Chao! Dès les premières notes de Me Muero Por Ti, on est happé par cette rythmique accrocheuse, par les différentes couches d’habiles mélodies. Boogat n’essaye pas de nous faire danser. Il est plus introspectif. Le clip qui accompagne ce premier single est d’ailleurs sombre : Boogat est mort, les funérailles s’organisent.

« Neo-Reconquista » n’est pas pour autant un album triste, loin de là. En La Montaña est cool et Los Tabarnakos est accrocheuse. C’est un reggae engagé, une musique beaucoup plus détendue (Wena), avec une verve aussi mordante qu’avant. Le flow est plus lent sur Los Amigos De Mis Padres et son pote Pierre Kwenders vient chanter sur la pièce Londres. Les deux gars s’étaient croisés au Small World Music l’an passé.

Boogat a travaillé avec Jean Massicotte et Serge Nakauchi Pelletier (Pawa Up First), deux pointures qui ont mis en valeur bien des artistes, d’Arthur H à Beast, en passant par Lhasa de Sela, Jean Leloup, Patrick Watson et Bran Van 3000. La combinaison est extrêmement efficace sur ce « Neo-Reconquista », dont je souhaite qu’elle fasse (re)conquérir les oreilles d’un maximum d’auditeurs.

Un must en 2015!

boogat Neo-Reconquista

BOOGAT
Neo-Reconquista
(Maisonnette / Bonsound, 2015)

-Genre : latino groove
-Dans le même genre que Manu Chao

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Acheter l’album sur la page BandCamp de Boogat

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Mélomane invétéré plongeant dans tous les genres et époques, Nicolas Pelletier a publié 6 000 critiques de disques et concerts depuis 1991, dont 1100 chez emoragei magazine et 600 sur enMusique.ca, dont il a également été le rédacteur en chef de 2009 à 2014. Il publie "Les perles rares et grands crus de la musique" en 2013, lance le site RREVERB en 2014, et devient stratège numérique des radios de Bell Média en 2015, participant au lancement de la marque iHeartRadio au Canada en 2016. Il dirige maintenant la stratégie numérique d'ICI Musique, la radio musicale de Radio-Canada.