Étienne ChaputLa « schizophrénie » des COWBOYS FRINGANTS Benoit Bergeron 2016/02/27 Concerts, Genres La tournée des Cowboys Fringants s’arrêtait vendredi soir au Metropolis de Montréal. Une salle bondée d’amateurs enthousiastes (âgés de 20 à 35 ans en majorité) a acclamé le populaire groupe repentignois. Cette froide soirée de février a plutôt eu la chaleur de l’été, avec quelques petites brises automnales. Fondés il y a exactement 20 ans cette année, les Cowboys venaient défendre leur 9e album studio, « Octobre », paru à l’automne dernier. Le nouveau matériel a été joué en abondance, et s’insère bien avec les autres classiques du groupe, qui vieillissent magnifiquement bien. En ouverture, Bye Bye Lou brise la glace avec panache et installe une ambiance électrique. Le public est déjà en mesure d’accompagner Karl Tremblay au chant! On est donc bien loin de la simple gestion de patrimoine que font de nombreux artistes après le passage de leur âge d’or. Les Cowboys ont été en mesure d’attirer un nouveau public et d’intéresser une bonne partie de leurs vieux fans à leur nouvelle musique. Pizza galaxie est une belle ballade, tout comme la joliment nostalgique Les feuilles mortes (qu’on pourrait presque qualifier de Mistral gagnant des Cowboys!). Marine marchande (chantée avec Frannie Holder, de Random Recipe et Dear Criminals) est une joyeuse chanson d’amour déchue, Louis Hébert et Les vers de terre ont des propos sociaux, alors que La dévisse est une honnête chanson de beuverie. Toutes les chansons sont interprétées avec sincérité, plaisir et bonne humeur. Il est évident que les quatre membres restants du groupe ont toujours beaucoup d’appétit pour la scène et pour leur art. Le bassiste (et professeur) Jérôme Dupras saute toujours partout, le guitariste et auteur-compositeur Jean-François Pauzé est aussi très énergique et la « fille du groupe », Marie-Annick Lépine, passe infatigablement d’un instrument à l’autre, du violon à la flûte, en passant par l’accordéon et la vielle à roue. Très habile musicalement, le quatuor est appuyé avec brio par le multi-instrumentiste Jérôme Dupuis-Cloutier et les batteurs Marc-André Brazeau et Pierre Fortin (du groupe Galaxie). Il y avait deux batteurs sur la scène du Metropolis! Le son était donc lourd, très rythmé, avec beaucoup de punch. Ça donnait encore plus d’énergie à la musique, et la balance sonore était malgré tout très bonne, chaque instrument se faisant bien entendre. On avait toutefois un petit peu de difficulté à bien comprendre les paroles par moments. Le très long rappel qui a conclu près de trois heures de spectacle a finalement pu illustrer la « schizophrénie » et le paradoxe qui font la force des Cowboys Fringants depuis toutes ces années. Après la festive Le shack à Hector et l’explosive Awikatchikaën, le groupe a enchaîné avec une version transcendante de la très engagée Plus rien. Les Cowboys ont ensuite joué l’excellente Léopold, ode inusitée à l’amour masculin, et la légère mais rassembleuse Un p’tit tour. Entre énergie festive et engagement politique, cette double nature (pour emprunter une terminologie céréalière : le côté givré et le côté nutritif) n’est pas aisément maîtrisée par tous les groupes, mais les Cowboys sont devenus des experts à naviguer entre les deux. Certes moins ouvertement politiques, les chansons des derniers albums reflètent l’évolution de la vie des membres du groupe, tous parents depuis quelques années. Cela peut ainsi ajouter une couche de sagesse aux textes chantés par Karl Tremblay. Mais les Cowboys Fringants ne se gênent pas non plus pour lancer quelques messages politiques, notamment avant d’entamer En berne. Mais la vraie passion des Cowboys, c’est d’être un groupe de party et de faire danser la foule. Et c’est exactement ce qui est arrivé hier! Réagissez à cet article / Comment this article commentaires / comments