Ça aura pris cinq ans à Jean-Philippe Nataf pour nous livrer le successeur de l’excellent mais discret « Plus de sucre » qui avait lancé sa carrière solo, post-Innocents. Et le revoici affublé d’une barbe immense, qui laisse croire que le JP a passé les cinq dernières années au fond des bois! Revenons-en à la musique, puisqu’elle vaut la peine d’en parler. On a ici affaire avec un orfèvre de la chanson. Les chansons de Nataf sont toutes agréables dès la première écoute, mais c’est lors des quatre ou cinquièmes qu’on accroche complètement, qu’on savoure les subtilités de langue et de sons que nous sert le musicien de Boulogne-Billancourt. Énigmatiques, ces morceaux prennent souvent quelques écoutes avant d’être adoptées (Myosotis). Mais ces chansons sont si bien ficelées qu’elles plaisent de façon exponentielle avec le nombre d’écoutes (Elle). La persévérance et la curiosité de l’auditeur sera récompensée par une adoption à long terme de ce talentueux auteur-compositeur-interprète, de la trempe des Dominique A, -M-, ou Albin de la Simone. Nataf n’a par contre ni le groove du second, ni l’humour du dernier. Nataf, avec son talent mélodique parfois digne d’un McCartney, est presqu’un improbable mélange de Joe Dassin (pour les airs doux et accrocheurs) et Jim Corcoran (pour les habiles phrasés), sans jamais tomber dans la variété ni l’intellec’. Suite à ses succès en sol français avec les Innocents (quatre albums entre 1987 et 1999), il a travaillé avec Jeanne Cheral en duo sous le nom Redlegs (parce qu’ils portaient tous deux de longs bas rouges). Entre ses deux albums solo, il a écrit pour Hubert-Félix Thiéfaine et Eddy Mitchell. Il chante en duo avec plusieurs artistes de qualité, comme Agnès Jaoui, Jean-Louis Murat, Jil Caplan et Dick Annegarn. Les fans accrochés depuis 2004 et qui ont patienté cinq longues années, découvriront un album plus enrobé que le premier, qui, on s’en souvient, était de facture très épurée. Ici, les guitares sèches et la voix douce de Nataf ne sont plus seules. Une touche d’orgue, un pastiche de slow (Clair), un peu de banjo, quelques guitares électriques, un peu d’anglais (Seul Alone), chœurs (Après toi)… le tout est joué avec parcimonie, et sans tambours ni trompettes. Sans tomber dans un genre complètement différent, JP Nataf s’est renouvelé et donne du nouveau à ses fans. Des petites perles à découvrir avec attention. JP NATAF Clair (Tôt ou tard, 2009) – Desc.: habile pop française – R.S.V.A.: Françoiz Breut, Dominique A, Jean-Louis Murat Lien vers la page Facebook de l’artiste Réagissez à cet article / Comment this article commentaires / comments