L’Orchestre de chambre de Montréal (OCM) présentait, hier soir à la Salle Bourgie, son troisième programme de la saison. La chef d’orchestre et directrice artistique Wanda Kaluzny dirigeait l’orchestre qu’elle a fondé en 1974 dans des symphonies de Ludwig van Beethoven et de Joseph Haydn. La soprano manitobaine Sarah Jo Kirsch se joignait ensuite à l’OCM pour interpréter des lieder de Hugo Wolf, orchestrés par Michael Matthews. Une première mondiale d’un cycle de lieder de Matthews venait couronner ce concert.

Le spectacle débutait avec la Symphonie no. 4 de Beethoven (curieusement d’ailleurs, puisque généralement la pièce la plus longue est placée à la fin du spectacle). Terminée en 1807, cette Symphonie a le rôle ingrat de se trouver entre la révolutionnaire Troisième et la célébrissime Cinquième. Malgré tout, c’est une œuvre d’une qualité indéniable et d’une grande beauté. L’OCM l’a interprétée de brillante manière, dirigé de main de maître par sa chef d’orchestre. Le jeu langoureux et expressif du hautbois et du cor au mouvement lent était magnifique. Ce petit orchestre d’à peine 30 musiciens avait une grande sonorité lors du vigoureux et énergique finale.

En conclusion du spectacle, l’Orchestre de chambre de Montréal interprétait la Symphonie no. 17 de Haydn. L’œuvre a été l’une des premières symphonies de Haydn entendues en Amérique du Nord, puisque J. F. Peters a apporté une copie de la partition en 1766! Autrement, ce n’est pas une symphonie majeure : elle est plutôt courte, mais somme toute agréable. Un entraînant thème est bien joué par les violons au premier mouvement. La vague mélancolie du deuxième mouvement contraste avec l’énergie qu’on retrouve au finale, et qui est joué avec aplomb.

La soprano Sarah Jo Kirsch accompagnait l’Orchestre dans deux séries de lieder orchestraux. Tout d’abord, on avait droit à six lieder du compositeur allemand Hugo Wolf, un des plus grands compositeurs de lieder dans l’histoire. L’OCM interprétait six poèmes d’Eduard Mörike que Wolf a mis en musique. Michael Matthews les a orchestrés, conservant l’esprit romantique et la tension dramatique des originaux. La voix juste et expressive de Kirsch a permis d’en donner une très belle interprétation (même si on avait de la difficulté à bien l’entendre lors des tutti orchestraux). L’univers était parfois onirique, et parfois troublant : l’Orchestre a bien défendu ces œuvres et leur a rendu justice.

L’OCM faisait également la création d’un cycle de lieder de Matthews intitulé Soló queda el desierto (Ne reste que le désert). Liés thématiquement, les six poèmes mis en musique par Matthews provenaient de six poètes espagnols différents. Le thème principal qui unit les textes est le temps, et tout ce qui s’y rattache. Très moderne, la musique déployait une instrumentation variée qui reposait beaucoup sur l’apport des percussions. L’OCM a très bien interprété cette œuvre, montrant tout son savoir-faire. Kirsch a pour sa part beaucoup poussé sa voix, alors que sa performance était très exigeante. Elle a livré de belle manière ce texte qui se termine de manière plutôt sombre : « L’illusion de l’aurore et les baisers disparaissent. Seul reste le désert. Un désert ondoyant ».

Très varié, le concert a permis de voir les différentes facettes de l’Orchestre de chambre de Montréal. Lors des symphonies, il a montré puissance et affirmation, alors qu’en accompagnant Sarah Jo Kirsch, il a été capable de subtilité et de dosage. Voilà les éléments pour un bon concert, avec une chef qui oriente toujours bien ses musiciens.

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Curieux de nature, Benoit est un boulimique musical qui consomme de presque tous les genres. Du punk au classique, en passant par le folk, le psychédélique et le rockabilly, il sait apprécier les subtilités propres à chacun de ces courants musicaux. À travers des centaines d'heures d'écoute et de lecture de biographies, il tente de découvrir les motivations et les secrets derrière les plus grands albums et les œuvres grandioses des derniers siècles. Il parcourt aussi les salles de spectacle de Montréal, à la recherche de vibrations directes.