Il n’est peut-être pas aussi connu que d’autres pionniers du rockabilly, comme Buddy Holly ou Gene Vincent, mais Eddie Cochran a tout de même laissé sa marque au cours de sa très courte existence. Il est décédé en 1960, à l’âge de seulement 21 ans (un an après la mort de Holly, qui était âgé de 22 ans), dans un accident de la route, alors qu’il se dirigeait à l’aéroport après une tournée en sol anglais. Gene Vincent était justement avec lui dans la voiture, en plus de sa fiancée, l’auteure-compositrice Sharon Sheeley. Les deux survivront, mais Cochran aura moins de chance.

Sa carrière professionnelle aura duré à peine plus de 6 ans, mais il a enregistré beaucoup de musique. Les requins de l’industrie se sont évidemment emparés de son catalogue à sa mort, et publient compilations après compilations, avec beaucoup de matériel qui ne devrait pas nécessairement se retrouver sur ce genre de rétrospective. Certainement un des meilleurs « Best Of » est celui que EMI a fait paraître en 2008. L’album comprend 30 chansons, pour un total de 63 minutes. Toutes ses meilleures chansons s’y retrouvent, et c’est un essentiel pour tous les amateurs de rockabilly et de rock ‘n’ roll de la première vague.
Voici une liste d’écoute avec 17 des chansons qui se retrouvent sur ce « Best Of ».

Le plus grand succès de Cochran et sa chanson la plus indémodable est sans aucun doute Summertime Blues. Chanson d’adolescence par excellence, elle exprime parfaitement la frustration que peuvent ressentir certains jeunes, sans argent pour s’éclater durant l’été, alors qu’ils se sentent persécutés par leur famille et leur employeur. Musicalement, la pièce est très entraînante, transportée par une rythmique insistante à la guitare. La voix d’Eddie Cochran témoigne d’une assurance qui ne laisse pas du tout croire que l’interprète n’a pas encore 20 ans! Coécrite par Cochran et son gérant Jerry Capehart (tout comme l’excellente C’mon Everybody), cette chanson a été reprise entre autres par The Who, Blue Cheer et Alan Jackson, mais aucune n’égale l’originale.

La chanson qui l’a pratiquement mise au monde est cependant la très bonne Twenty Flight Rock, qui s’est faite connaître dans le film The Girl Can’t Help It, sorti en 1956 et mettant en vedette la plantureuse Jayne Mansfield. On voit Cochran, à 17 ans seulement, jouer cette pièce dans le film, tout en faisant sa meilleure imitation d’Elvis. Le son est ici clairement rockabilly, avec un brillant jeu de guitare et la basse jouée en slap. C’est par ailleurs cette pièce que Paul McCartney a joué à John Lennon lors d’une audition le 6 juillet 1957. Lennon a été si impressionné qu’il a embauché McCartney dans son groupe The Quarrymen, qui deviendront plus tard The Beatles!

D’autres chansons sont davantage blues (My Way, Am I Blue et Jeannie Jeannie Jeannie). Eddie Cochran était aussi un excellent crooner, notamment sur les superbes ballades Drive-In Show, Teenage Heaven, Lonely et Teresa. Une de ses plus déchirantes ballades est certainement Three Stars. Cette chanson a été écrite par Tommy Dee seulement quelques jours après le décès, le 3 février 1959, de Buddy Holly, Ritchie Valens et Big Bopper lors d’un écrasement d’avion. Cochran l’a rapidement enregistrée, et on le sent encore très émotif. Sa voix flanche presque lorsqu’il décline cette phrase : « Buddy Holly, I’ll always remember you, with tears in my eyes ».

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Eddie est cependant à son meilleur dans les pièces au tempo animé et au son rock, comme les excellentes Nervous Breakdown, Somethin’ Else (coécrite par sa fiancée), Weekend et Skinny Jim. Son jeu de guitare est aussi remarquable sur plusieurs des pièces, dont la rockabilly Teenage Cutie. Cochran fait par ailleurs plusieurs très bonnes reprises, dont Hallelujah, I Love Her So, connue dans la version qu’en a faite Ray Charles. Il s’attaque aussi aux classiques Blue Suede Shoes, de Carl Perkins, et Long Tall Sally, de Little Richard. Sans avoir le côté transcendant des originaux, Cochran nous montre tout de même qu’il est un interprète hors pair, capable d’injecter sa personnalité dans ces morceaux.

Sa mort prématurée nous a privé d’un grand artiste, l’un des premiers à écrire et réaliser lui-même plusieurs de ses chansons. Eddie Cochran était aussi un guitariste exceptionnel. Avec sa guitare de toujours, la célèbre Gretsch 6120, il a influencé plusieurs générations de musiciens, des rockeurs des années 60 aux musiciens qui ont ramené le rockabilly sur le devant de la scène au début des années 80. Le leader de ce renouveau, Brian Setzer, a d’ailleurs incarné Cochran dans le film La Bamba. La liste des artistes qui ont repris ses chansons est très longue, des Rolling Stones aux Sex Pistols, en passant par T. Rex, Buck Owens et Simple Minds, pour ne mentionner que ceux-là. Son héritage est donc majeur, et ne risque pas de sombrer dans l’oubli de sitôt. Avec cette compilation, ses meilleures chansons sont regroupées et peuvent être savourées pour ce qu’elles sont : du bon rock intemporel qui ne se prend pas trop au sérieux.

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EDDIE COCHRAN
The Very Best Of
(EMI, 2008)

-Genre : rock ‘n’ roll et rockabilly
-Dans le même genre que Buddy Holly, Gene Vincent, Ricky Nelson et Elvis Presley

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EDDIE COCHRAN : Une vie courte, mais marquante
ORIGINALITÉ 85%
Authenticité90%
Accessibilité95%
Direction artistique90%
Qualité musicale95%
Textes75%
88%Overall Score
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84%

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Blogueur - RREVERB
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Curieux de nature, Benoit est un boulimique musical qui consomme de presque tous les genres. Du punk au classique, en passant par le folk, le psychédélique et le rockabilly, il sait apprécier les subtilités propres à chacun de ces courants musicaux. À travers des centaines d'heures d'écoute et de lecture de biographies, il tente de découvrir les motivations et les secrets derrière les plus grands albums et les œuvres grandioses des derniers siècles. Il parcourt aussi les salles de spectacle de Montréal, à la recherche de vibrations directes.