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On ne croise pas souvent des albums où l’on sent une filiation avec Frank Zappa, Fred Frith, Ben Charest et… Wax Tailor! Ce musicien québécois d’origine italienne de 63 ans nous livre ici une œuvre diablement complexe, assez loufoque et inattendue.

Parfois funky cool à la Bran Van 3000 (Ossubuco o congo), parfois plus proche de la musique actuelle des années 90, Angelo Finaldi a un très beau sens mélodique malgré des efforts remarquables pour ne pas rendre la facilité. Il mélange tellement d’éléments ensemble qu’on pourrait utiliser la musique de ce « Disorented Voyage » en bande sonore de spectacle de cirque, comme l’inviter au Festival International de Musique Actuelle de Victoriaville! Le genre de mix que propose Finaldi, lourde basse et guitares aux gammes atonales, fait aussi penser au Fred Frith de l’époque « Step Accross the Border » (1989) ou d’avec son complice Ferdinand Richard, à la différence que l’Italien insère un aspect plus groove pop (Sirena out of Tuna) que la bande de l’Actuel s’est toujours refusé.

 

Bien qu’à mon grand regret, je ne comprenne pas un mot d’italien, je devine que Finaldi saupoudre sa musique de beaucoup d’humour. Un ton qui m’apparaît délirant, d’où le rapprochement avec Zappa (Tartaruga 1). La musique demeure assez complexe, bien qu’on tape du pied à plusieurs moments (dont sur Human Pasta).  Un disque surprenant et très captivant… et encore plus lorsqu’on réalise d’où vient le musicien.

L’homme ne sort pas de nulle part : dès 1968, on l’entend chez les Sinners puis au sein du groupe Révolution française dont la chanson Québécois (« Québécois, nous sommes Québécois ») devint un classique. Le groupe assure au Forum de Montréal la première partie de The Doors en septembre 1969 et, plus tard, du groupe The Who! Ils se séparent en 1970. Finaldi s’envole ensuite pour la France où il travaillera avec Joe Dassin et Johnny Hallyday avant de revenir au Québec chez Tony Roman, Michel Pagliaro et Steve Fiset.

On l’écoute raconter son histoire: le bonhomme est pas mal sympathique et raconte des anecdotes assez uniques.

 

Entre 1975 et 83, il sera le bras droit (et le chum) de Nanette Workman dont il compose les plus grands succès : Danser danser, J’ai le goût de baiser et le texte français de Lady Marmelade. Finaldi sera aussi le maître d’œuvre des succès de Nicole Martin, avant de travailler avec Boule Noire, Martine St-Clair, Robert Charlebois (Pape Music et Consomme, consomme sont de sa plume), Diane Dufresne (albums « Turbulence » et surtout « Dioxine de Carbone et son rayon rose » dont il signe toute la musique) et Mario Pelchat.

Dans les années 2000, il s’est surtout fait plaisir en enregistrant de la musique blues swing manouche en compagnie des guitaristes Benoît Charest et Stéphane Tellier ainsi que de la chanteuse Betty Bonifassi et de sa fille Coco Finaldi.

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Artiste : Angelo Finaldi
Album : Disoriented Voyage
Étiquette : Artic

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Mélomane invétéré plongeant dans tous les genres et époques, Nicolas Pelletier a publié 6 000 critiques de disques et concerts depuis 1991, dont 1100 chez emoragei magazine et 600 sur enMusique.ca, dont il a également été le rédacteur en chef de 2009 à 2014. Il publie "Les perles rares et grands crus de la musique" en 2013, lance le site RREVERB en 2014, et devient stratège numérique des radios de Bell Média en 2015, participant au lancement de la marque iHeartRadio au Canada en 2016. Il dirige maintenant la stratégie numérique d'ICI Musique, la radio musicale de Radio-Canada.