Laurence BlaisDiversité et variété avec l’Orchestre du CONSERVATOIRE Benoit Bergeron 2014/10/05 Concerts, Genres C’est dimanche qu’avait lieu le premier concert de la saison 2014-2015 de l’Orchestre symphonique du Conservatoire de musique de Montréal (le même spectacle était également présenté la veille). Pour l’occasion, on avait droit à un programme très varié, avec des œuvres de Paul Hindemith, Nikolaï Miaskovsky, Carl Maria von Weber et Nicolas Gilbert. Le directeur de l’Orchestre, Louis Lavigueur, cédait sa place pour ce concert à Alain Trudel, le directeur artistique de l’Orchestre Symphonique de Laval. Le spectacle débutait avec l’Ouverture de l’opéra Der Freischütz, composée en 1821 par l’Allemand Carl Maria von Weber. Ce dernier est considéré comme l’un des tous premiers romantiques en musique et cette œuvre est considérée comme le premier opéra romantique allemand, qui a inspiré notamment Wagner. Menée de manière précise par Thierry Jacques-Soudin (élève en direction d’orchestre), cette œuvre a été très bien rendue par les élèves du Conservatoire. Le jeu des cors est superbe, alors que les cordes énoncent des thèmes très fougueux et dramatiques à la fois, illustrant une confrontation entre le Bien et le Mal. Dominique Beauséjour-Ostiguy était ensuite soliste dans le Concerto pour violoncelle du compositeur russe méconnu Nikolaï Miaskovsky. Écrite en 1946, cette œuvre est constituée de deux longs mouvements. Âgé de 19 ans, Beauséjour-Ostiguy a un jeu ample et riche qui a été à l’avant-plan dans ce Concerto. De nombreuses cadences ont démontré sa grande maîtrise de l’instrument, jouant des thèmes très mélodiques et chantants. Les échanges entre le soliste et l’Orchestre étaient très bien dirigés par Alain Trudel. L’œuvre qui nous intriguait le plus était celle du jeune compositeur québécois Nicolas Gilbert (également auteur de romans), intitulée La voix de l’autre : micro-concerto pour orchestre. D’une durée de 10 minutes, la pièce a été jouée pour la première fois par l’Orchestre symphonique de Laval en mars dernier (pour lequel Gilbert est d’ailleurs compositeur en résidence). S’inspirant de Bartók, Gilbert tente de mettre en valeur les musiciens de l’orchestre, et mise beaucoup sur les vents. Un solo de piccolo introduit l’œuvre, et le tuba, instrument souvent marginal, a ses moments de gloire à quelques occasions. De belles mélodies sont aussi énoncées par les cordes. Cette pièce à l’ambiance grave est complexe et costaude, mais les jeunes musiciens sont à la hauteur du défi. Une brève symphonie, d’une vingtaine de minutes, concluait ce spectacle. L’œuvre est intitulée Métamorphoses symphoniques sur des thèmes de Carl Maria von Weber et a été créée en 1943 par l’Allemand Paul Hindemith (alors résident des États-Unis après avoir été chassé par les Nazis). Prenant en effet pour point de départ des thèmes de Weber, Hindemith les transforme complètement et le résultat est plutôt éclaté, mais toujours intéressant. Gaie et joyeuse, cette œuvre est superbement jouée par l’Orchestre. De fortes mélodies revenaient tout au long de la pièce, énoncés successivement par les vents et l’Orchestre au complet. Soulignons l’excellent jeu du hautbois et de la flûte (le solo du troisième mouvement était sublime). Les spectateurs qui ont presque rempli le Théâtre Rouge du Conservatoire ont eu droit à un bon concert, avec des œuvres très variées, des débuts du romantisme allemand à une œuvre contemporaine, avec au passage des compositions datant de la Deuxième Guerre Mondiale. Alors que la survie des Conservatoires a fait les manchettes, écouter l’Orchestre du Conservatoire de musique de Montréal nous a confirmé l’importance capitale d’une telle institution qui forme l’élite musicale de demain. Les concerts qui y sont présentés sont toujours de grande qualité. Et celui de dimanche n’a pas déçu non plus. Réagissez à cet article / Comment this article commentaires / comments