L’Orchestre symphonique du Conservatoire de musique de Montréal présentait son premier concert de l’année ce samedi. Sous la direction du chef Alain Trudel (directeur artistique de l’Orchestre symphonique de Laval), l’Orchestre interprétait des compositions de Stravinsky, Rachmaninov et Brahms. Une salle comble a pu assister à une excellente prestation de la part des jeunes musiciens étudiants.

Pour débuter le concert, l’Orchestre s’attaquait à la suite L’Oiseau de feu, d’Igor Stravinsky. Composée en 1910 et conçue originalement comme un ballet, cette pièce a connu un très grand succès, et Stravinsky a décidé de l’adapter comme suite orchestrale. La version la plus souvent jouée est celle qui a été révisée en 1919, et qui fait une vingtaine de minutes. La suite s’apparente à un vaste poème symphonique en sept sections contrastées, richement orchestrées, mélodiques et rythmiquement complexes. Avec une direction alerte et précise, Trudel a très bien guidé les jeunes musiciens. Les solistes des différentes sections ont été très sollicités, et ils ont joué avec brio.

Considérée comme le cinquième concerto pour piano de Sergueï Rachmaninov, la Rhapsodie sur un thème de Paganini fait partie du mince répertoire des œuvres occidentales du compositeur russe (c’est-à-dire de la période de son exil de la Russie en 1917 jusqu’à sa mort en 1943). Terminée en 1934, l’œuvre au lyrisme romantique est en fait un cycle de 24 variations basée sur le thème du Vingt-quatrième caprice pour violon du légendaire violoniste Niccolò Paganini.

Jeune virtuose de 18 ans qui a remporté plusieurs concours importants, dont OSM Standard Life et le Prix d’Europe, Xiaoyu Liu était le soliste. L’étudiant du Conservatoire sait jouer, il n’y a aucun doute là-dessus. Sa technique est solide, son jeu est précis, clair et puissant. Mais c’est là qu’il y a eu des ratés : il joue parfois trop fort, alors qu’il aurait dû varier le niveau de volume. On a l’impression que Liu s’emporte et martèle trop puissamment son instrument. Il est pourtant capable de retenue et de lyrisme lors des passages plus lents. Au début et à la fin de l’œuvre, son jeu est toutefois un peu excessif (du moins d’où on est placé). Mais la virtuosité du pianiste est quand même époustouflante; il doit seulement la tempérer par moments.

La deuxième partie du concert était entièrement occupée par la sublime Symphonie no. 2 de Brahms. Luxuriante et majestueuse, cette œuvre a été composée en 1877 par l’Allemand qui résidait à Vienne. Comme beaucoup d’œuvres de Brahms, la Symphonie no. 2 est autant classique que romantique, s’inspirant aussi bien de Beethoven et de Mozart que de Schubert. La richesse mélodique de l’œuvre est frappante, avec un lyrisme mais également une force et une puissance. Le chef fait bien valoir toutes les nuances et les facettes de cette œuvre majeure. Les musiciens ont aussi offert une brillante interprétation, avec la superbe introduction des cors au premier mouvement et la magnifique mélodie des violoncelles au second passage. Malgré quelques légères imperfections, toutes les sections de l’Orchestre ont apporté une belle contribution.

Les trois œuvres au programme lors du concert de samedi soir étaient d’une grande difficulté. On ne peut que saluer le sérieux et le travail qu’ont mis ces jeunes élèves dans cette réussite. Alain Trudel semblait avoir beaucoup de plaisir à diriger les jeunes du Conservatoire; on voyait qu’il a beaucoup d’expérience avec des musiciens qui sont en début de carrière. J’avais pu assister l’année dernière à sa direction de l’Orchestre, et c’était toujours aussi très convaincant cette année!

On peut par ailleurs consulter la programmation du Conservatoire en cliquant ici.

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Curieux de nature, Benoit est un boulimique musical qui consomme de presque tous les genres. Du punk au classique, en passant par le folk, le psychédélique et le rockabilly, il sait apprécier les subtilités propres à chacun de ces courants musicaux. À travers des centaines d'heures d'écoute et de lecture de biographies, il tente de découvrir les motivations et les secrets derrière les plus grands albums et les œuvres grandioses des derniers siècles. Il parcourt aussi les salles de spectacle de Montréal, à la recherche de vibrations directes.