La violoniste Elvira Misbakhova nous a souhaité la bienvenue, puis nous a proposé d’embarquer avec elle pour ce petit voyage en train en Europe de l’Est. Pendant la courte mais intense heure qu’a duré le spectacle de Kleztory, on a en effet voyagé dans cette partie du globe. Ce jeudi soir à la salle Bourgie, le quintette montréalais présentait un rare spectacle dans la métropole. Avec un remplaçant de dernière minute et un membre en moins, Kleztory a tout de même livré une excellente prestation.

Kleztory a donc dû composer avec le départ inattendu de son directeur musical et clarinettiste Airat Ichmouratov, parti d’urgence pour la Russie. Mark Simons l’a remplacé à pied levé, s’aidant d’une partition. Simons s’est avéré un très bon remplaçant, peut-être moins exubérant qu’Ichmouratov, mais tout aussi bon. La chimie n’était peut-être pas aussi forte qu’en temps normal, mais le plaisir y était. Misbakhova et Simons étaient en quelque sorte les solistes principaux, alors que l’accordéoniste Mélanie Bergeron avait un rôle à la fois rythmique et mélodique. Mark Peetsma, à la contrebasse, et Dany Nicolas, à la guitare, construisaient une solide base rythmique aux pièces du quintette. Le virtuose du cymbalum Alexandru Sura était toutefois absent. On ne sait pas s’il fait toujours partie du groupe (la page Facebook du groupe l’indique toutefois comme membre), mais sa contribution avait été majeure sur le dernier disque du groupe, l’excellent « Arrival ».

Malgré tout, Kleztory a offert une brillante démonstration de musique klezmer, cette tradition musicale des communautés juives d’Europe de l’Est. Ce mélange de musiques arabes, turques, slaves et tziganes a tantôt fait danser, tantôt fait rêver et tantôt envoûté. La groupe a joué presque en entièreté « Arrival ». On retiendra en particulier l’interprétation de la magnifique Ajde Jano, chanson traditionnelle serbe à la mélodie séduisante et émouvante, jouée de manière sentie. La planante et apaisante L’Olivier de Bohème a été un délice pour les oreilles, alors que Fun Tashlikh, A nakht in Gan Eynd et Oy Tate S’iz Gut étaient franchement dansantes et irrésistibles.

On aurait d’ailleurs aimé se lever de nos sièges pour danser. Mais la salle Bourgie étant ce qu’elle est, tout le monde est resté assis confortablement sur son siège. Ça avait malheureusement un petit peu pour effet de désamorcer la musique festive et foncièrement joyeuse de l’ensemble. Malgré quelques pièces plus mélancoliques et méditatives, la musique klezmer est une musique dansante. Le plaisir apparent des membres du groupe témoignait du bonheur d’être sur scène et de vivre ce moment avec nous. On recommencerait ce voyage en train n’importe quand!

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Curieux de nature, Benoit est un boulimique musical qui consomme de presque tous les genres. Du punk au classique, en passant par le folk, le psychédélique et le rockabilly, il sait apprécier les subtilités propres à chacun de ces courants musicaux. À travers des centaines d'heures d'écoute et de lecture de biographies, il tente de découvrir les motivations et les secrets derrière les plus grands albums et les œuvres grandioses des derniers siècles. Il parcourt aussi les salles de spectacle de Montréal, à la recherche de vibrations directes.