Fondé en 2007 et nommé en l’honneur du violoniste et compositeur Giuseppe Maria Cambini, le Quatuor Cambini-Paris se produisait à la Salle Bourgie hier soir. Ce jeune quatuor est formé des violonistes Julien Chauvin et Karine Crocquenoy, de l’altiste Pierre-Éric Nimylowycz et du violoncelliste Atsushi Sakaï. Il interprétait des pièces de Luigi Boccherini, Félicien David, Joaquín Turina et Claude Debussy. On a pu entendre le grand talent de ces instrumentistes, qui ont exécuté ces œuvres à merveille.

Le Quatuor Cambini-Paris interprétait trois œuvres de Félicien David, un compositeur français né en 1810. Ce romantique classiciste, dans la lignée de Mendelssohn, a aussi reçu une grande influence des sociétés orientales qu’il a pu visiter à partir des années 1830. La première œuvre jouée était le Quatuor à cordes no. 1, de 1868. Cette œuvre très lumineuse et chaleureuse a été interprétée avec brio par le Quatuor, malgré quelques erreurs de justesse au finale. La somptueuse mélodie du mouvement lent a été jouée de manière sentie. Plus loin, un court extrait des Brises d’Orient a été très bien interprété. Pour sa part, le Quatuor no. 4, inachevé à la mort de David en 1876, ne compte qu’un mouvement, Allegro ma non troppo. L’œuvre est tout de même magnifique, et le crescendo final, joué avec passion, est d’une intensité prenante.

Le compositeur italien Luigi Boccherini a servi à la cour d’Espagne au 18e siècle, où il a composé une quantité impressionnante de musique de chambre. Il peut être vu, avec Joseph Haydn, comme l’un des inventeurs du quatuor à cordes. Il en a composé des dizaines, et le Quatuor Cambini-Paris jouait le no. 1 de l’opus 9. Le style galant de l’époque classique est bien évident ici, avec le premier mouvement qui est tout de même quelque peu tourmenté. Le jeu du Quatuor est superbe, tout en nuances et en subtilité. Un peu plus tard, Oración del torero, de Joaquín Turina, était interprétée. Écrite en 1925, cette « prière du torero » est très complexe rythmiquement, et exigeante par ses changements de tempos. Le violoncelle s’est distingué par la richesse et la profondeur de son jeu.

La pièce la plus connue du spectacle était certainement l’unique Quatuor à cordes de Debussy. Celui qu’on connaît surtout pour ses innovatrices pièces pour piano et pour orchestre n’a en effet composé qu’un quatuor, soit en 1893. Debussy avait alors 31 ans, et entamait sa maturité artistique, tout en montrant l’influence de César Franck et de Jules Massenet, entre autres. Le jeu engagé des quatre instrumentistes est à retenir de cette interprétation. Les pizzicatos du deuxième mouvement ont été très bien joués, et le mouvement lent, douce rêverie méditative mise en sourdine, a été de toute beauté. Très emporté et intense, le finale a été exécuté avec beaucoup d’aplomb.

En lien avec la superbe exposition en cours au Musée des beaux-arts de Montréal, le concert d’hier avait pour titre « Brises d’Orient ». Bien que le lien entre l’Orient et certains de ces compositeurs soit parfois ténu, les œuvres au programme étaient tout de même de belles découvertes pour la plupart. Les quatuors de Félicien David en particulier sont magnifiques. Le Quatuor Cambini-Paris nous a aussi offert une très bonne prestation. Espérons entendre à nouveau ce Quatuor le plus tôt possible!

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Curieux de nature, Benoit est un boulimique musical qui consomme de presque tous les genres. Du punk au classique, en passant par le folk, le psychédélique et le rockabilly, il sait apprécier les subtilités propres à chacun de ces courants musicaux. À travers des centaines d'heures d'écoute et de lecture de biographies, il tente de découvrir les motivations et les secrets derrière les plus grands albums et les œuvres grandioses des derniers siècles. Il parcourt aussi les salles de spectacle de Montréal, à la recherche de vibrations directes.