Portrait de C.P.E. BachSALLE BOURGIE : BACH, de père en fils Benoit Bergeron 2014/12/06 Concerts, Genres Un groupe de musiciens de l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM) célébrait vendredi soir le 300e anniversaire de naissance de Carl Philipp Emanuel Bach. Lors de ce spectacle à la Salle Bourgie, il y avait également au programme des œuvres de Johann Sebastian Bach, le père de C.P.E., et de Felix Mendelssohn. Ce dernier a un lien clair avec Bach père : c’est lui qui a ravivé l’intérêt du public pour les compositions du maître baroque avec la présentation de La passion selon saint Matthieu en 1829, 79 ans après la mort de Bach. La première œuvre jouée était le Concerto pour violon (BWV 1041), de Bach père. Ramsey Husser était soliste dans cette œuvre qui aurait été composée en 1720, dans le styles des concertos de son contemporain Vivaldi. Appuyé par le claveciniste Jean-Willy Kunz et par 11 autres instrumentistes, il a livré une performance sensationnelle. Sa sonorité souple et élégante lui a permis de jouer convenablement le premier mouvement, Allegro moderato. Noté Andante, le sublime second mouvement est tout en finesse et en beauté. Le finale, Allegro assai, voit un impressionnant déploiement de virtuosité de la part du soliste. La difficulté et l’intensité de l’œuvre n’a pas effrayé les musiciens! Virtuose du clavecin et auteur de l’influent Essai sur l’art de jouer les instruments à clavier, C.P.E. Bach – surnommé le Bach de Berlin ou de Hambourg – a composé le Concerto pour violoncelle (Wq. 172) en 1753. Il a été interprété hier soir par la toujours très bonne Anna Burden. Jouant presque sans arrêt, Burden en a fait une interprétation sans faille. Tout en douceur et en finesse, le jeu expressif du magnifique deuxième mouvement était merveilleux. L’interprétation était vivante et engagée lors du finale. Fluide et précis, le jeu de la soliste était en parfaite cohésion avec le jeu des 11 musiciens qui la soutenaient. La dernière œuvre au programme était la Symphonie pour cordes no. 9 de Mendelssohn. Formidable enfant prodige, il a composé 12 symphonies pour cordes de 1821 à 1823, alors qu’il était âgé de 12 à 14 ans. Exercice de contrepoint réalisé pour son professeur de composition, cette Symphonie, la plus connue des 12, est une splendide pièce qui a été jouée avec aplomb par les 13 musiciens réunis sur scène (le clavecin n’y était pas, évidemment). Le deuxième mouvement en particulier a été joué de manière très douce et retenue : les violons jouent seuls au début et à la fin, alors qu’altos, violoncelles et contrebasse s’occupe de la partie centrale. Le jeu passionné des musiciens lors du finale était beau à entendre. Ces 14 musiciens extrêmement doués et expérimentés nous ont donc offert un très beau spectacle, certes court mais très satisfaisant. L’excellente acoustique de la Salle Bourgie a aussi permis d’apprécier les œuvres au programme. La filiation d’un compositeur à l’autre était finalement évidente : Bach père a tout appris à son fils et en a fait un virtuose, comme lui, alors que Mendelssohn a sérieusement étudié les œuvres de Johann Sébastian, qu’il vénérait. Réagissez à cet article / Comment this article commentaires / comments