Grosse semaine pour l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM). La 5e édition de la Virée classique bat son plein cette semaine, avec un lot d’activités extérieures et intérieures, gratuites comme payantes. Après avoir accueilli plus de 30000 personnes au parterre du Stade olympique mercredi, l’OSM amorçait ce vendredi soir le volet intérieur de ce vibrant festival. D’une durée d’environ 45 minutes, six concerts avaient lieu en cette soirée d’été plutôt fraîche. J’ai opté pour les deux concerts présentés à la Maison symphonique, le premier à 19 heures, et le deuxième à 20h45. Tous deux dirigés par Kent Nagano, ces concerts ont pu montrer le grand talent de l’OSM et des solistes qu’il accueillait.

Le premier spectacle s’amorçait avec une interprétation de Chariots of Fire, populaire musique de film pour synthétiseurs de Vangelis. La transcription pour orchestre n’enlève pas tout le kitsch de la pièce, mais l’Orchestre en fait tout de même une belle version. Une rareté suivait, avec la présentation de La création du monde, du Français Darius Milhaud. Créée en 1923, la pièce emploie une formation réduite, avec quatuor à cordes, piano, percussions et vents. Les quelques 20 musiciens ont été très bien dirigés par Nagano, effectuant les changements de tempos et d’ambiances de belle manière. À mi-chemin entre Stravinski et le jazz de la Nouvelle-Orléans, Milhaud a composé une pièce surprenante, et somme toute fort agréable.

Le violoniste canadien d’origine israélienne Pinchas Zukerman était finalement soliste dans le célèbre Concerto pour violon no. 1 de l’Allemand Max Bruch. Le vibrato perçant et puissant du violoniste était parfait pour ce Concerto des plus romantique, influencé par Mendelssohn et Brahms. Zukerman a l’expérience et le calme d’un professionnel aguerri, lui qui est âgé de 68 ans et parcourt le monde depuis des décennies. S’il semble parfois faire preuve de désinvolture, il assure tout de même avec brio les parties qui demandent une grande virtuosité. L’Orchestre offre également une superbe performance.

Le premier spectacle se termine sur ce Concerto, et il reste moins d’une heure avant le début du prochain. On peut ainsi tâter le pouls des différentes activités offertes à la Place des Arts en cette Virée classique. Sur le Parterre du Quartier des spectacles, tout gazonné, une foule un peu timide, sûrement refroidie par la température moche, regarde une retransmission sur écran géant de La flûte enchantée de Mozart. À l’intérieur, plusieurs dizaines de personnes sont rassemblées pour écouter trois jeunes musiciens de la « relève ». Dans tous les cas, il y a beaucoup d’action et de vie!

On retourne ensuite à la Maison symphonique pour un concert un peu plus long que les 45 minutes qui sont habituellement d’usage à la Virée classique. L’OSM s’attaquait à la symphonie des symphonies, l’illustre 9e de Beethoven, celle que ce dernier a composé alors qu’il était atteint de surdité, en 1824. Les quelques 2000 sièges de la Maison symphonique étaient tous occupés pour l’occasion (c’est aussi le cas pour la reprise de demain!), et il y avait même des spectateurs debout au balcon.

Avec des effectifs légèrement différents du concert précédent, l’OSM a livré une prestation magistrale, pleine de vivacité et de vigueur. La tension entre rythmique et harmonique, animée notamment par le jeu splendide du timbalier Hugues Tremblay, a été maintenue tout au long de la pièce. Si les soprano et mezzo-soprano Sarah Wegener et Michèle Losier se sont un peu moins faites entendre, en revanche, les ténor et basse Michael Schade et Alexander Tsymbalyuk ont été impériaux. Le Chœur de l’OSM, dirigé par Andrew Megill, a aussi été à la hauteur des attentes, me donnant des frissons à quelques reprises!

À prix réduit, ces courts concerts sont parfaits pour satisfaire le mélomane autant que le néophyte. L’offre est abondante et diversifiée, couvrant plusieurs variétés de musique symphonique et de musique de chambre. On peut aisément sauter d’un concert à l’autre sans trop de conflit d’horaire ou de problème de déplacement : tous les concerts sont à la Place des Arts, dans un environnement dynamique et animé.

La température peu clémente du week-end a cependant forcé les organisateurs à déplacer les événements extérieurs de samedi, qui auront maintenant lieu à l’intérieur du complexe Desjardins. Vous pouvez obtenir plus de détails ici. Malgré tout, on peut certes dire que Kent Nagano et l’OSM ont réussi leur pari, soit celui de rendre la musique classique accessible et abordable à un plus grand nombre!

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Curieux de nature, Benoit est un boulimique musical qui consomme de presque tous les genres. Du punk au classique, en passant par le folk, le psychédélique et le rockabilly, il sait apprécier les subtilités propres à chacun de ces courants musicaux. À travers des centaines d'heures d'écoute et de lecture de biographies, il tente de découvrir les motivations et les secrets derrière les plus grands albums et les œuvres grandioses des derniers siècles. Il parcourt aussi les salles de spectacle de Montréal, à la recherche de vibrations directes.