Johannes Brahms en 1853Superbe Brahms au CONSERVATOIRE Benoit Bergeron 2014/11/02 Concerts, Genres Un trio de musiciens chevronnés présentait cet après-midi, au Conservatoire de musique de Montréal, diverses pièces pour piano, violon et cor. Ce dernier, même si c’est un instrument prisé des romantiques, figure peu dans les œuvres de musique de chambre. Qu’à cela ne tienne, le programme du spectacle n’en comprenait pas moins de quatre compositions de Johannes Brahms, Ludwig van Beethoven, Robert Schumann et Reinhold Glière. Le violoniste Olivier Thouin (violon solo associé de l’OSM), la pianiste Sandra Murray et la corniste Nadia Côté (toutes deux professeures au Conservatoire) nous offraient le Trio pour piano, violon et cor, de l’Allemand Johannes Brahms. Entre classicisme et romantisme, cette magnifique pièce a été composée en 1865, alors que Brahms, âgé de 31 ans, était en deuil de sa mère. L’Andante initial débute de superbe manière, avec une belle mélodie énoncée par le cor, tout en douceur et en grâce, puis repris par le piano et le violon. Le jeu s’anime quelque peu ensuite, puis varie d’intensité fréquemment. Les nuances sont très bien maîtrisées par les instrumentistes. Le Scherzo est très fougueux et plein de vigueur, joué en majeure partie fortissimo. Le mouvement lent, Adagio mesto, est très émotionnel, écrit fort probablement pour honorer la mémoire de sa mère. En contrepartie, le Finale est très emporté et tout en virtuosité. Véritable vers d’oreille (version classique), un thème très entraînant revient plusieurs fois dans le mouvement. L’interprétation des trois musiciens est sentie et convaincante. Composée en 1800 pour Giovanni Punto (un ami et corniste expert) , la Sonate pour cor et piano de Beethoven était également jouée. Le dialogue entre le cor et le piano est superbe dès le départ, alors que cor et piano s’échangent un motif gracieux et attrayant, joué forte par le cor et piano par le clavier. Le court mouvement lent est très expressif, à l’allure solennelle. Le Finale est plein de vie et sollicite sans arrêt la corniste. Bien que légère, cette œuvre n’en est pas moins très exigeante pour les deux instrumentistes, qui font ainsi preuve d’une grande dextérité. En complément, on avait droit aux Quatre pièces du compositeur russe peu souvent joué Reinhold Glière. Pour cor et piano et au caractère léger et apaisant, les œuvres de ce post-romantique se déclinaient sous ces termes : Nocturne, Intermezzo, Romance et Valse. Partout, le jeu de la corniste est superbe et bénéficie de la très bonne acoustique de la Salle de concert du Conservatoire, qui limite la réverbération du cor. Il y avait finalement au programme les Trois romances pour violon et piano du compositeur allemand Robert Schumann. Écrites en 1849 pour sa femme Clara, ces pièces sont destinées à l’origine pour hautbois, et non violon. Les premières et troisièmes sont intitulées Nicht schnell (pas vite) et la deuxième est notée Einfach, innig (simple, intime) – Schumann privilégie souvent les notations de mouvement en allemand. La deuxième en particulier est magnifique, avec des envolées très lyriques, belles et pures. Le violoniste a un son riche et juste et la pianiste rend très bien les élans schumanniens. Plutôt court, ce spectacle était tout de même parfait pour un dimanche après-midi d’automne : juste ce qu’il faut de douceur et de mélancolie, et beaucoup de gaieté et de légèreté. Mis en évidence, le cor a pris une toute autre place que celle qui lui est habituellement réservée au sein d’un orchestre. L’excellente prestation de Nadia Côté a illuminé toutes les possibilités de cet instrument, du joyeux au mélancolique, en passant par la moquerie. Les deux autres instrumentistes n’étaient pas non plus en reste, nous démontrant tout l’étendue de leur talent. Réagissez à cet article / Comment this article commentaires / comments