Violon solo de l’Orchestre Symphonique de Montréal (OSM), Andrew Wan agit cette semaine à titre de soliste. L’OSM prépare en effet une nouvelle intégrale discographique des trois concertos pour violon et orchestre du compositeur français Camille Saint-Saëns. Moins souvent joués, les premier et deuxième concertos sont présentés mercredi et samedi, et le troisième était interprété deux fois ce jeudi. J’ai assisté à la représentation de cet avant-midi, alors que l’OSM était dirigé par Kent Nagano. En complément, deux œuvres de Wolfgang Amadeus Mozart étaient jouées. Tout comme Mozart, Saint-Saëns était un enfant prodige : capable de lire et écrire à trois ans, il composait à cinq ans. Alors que ses deux premiers concertos pour violon ont été composés au début de sa vie adulte, le Concerto pour violon no. 3 (le plus connu du lot) a été terminé en 1880, alors qu’il était âgé de 44 ans. Sans être du niveau des concertos de Beethoven, Brahms ou Tchaïkovski, cette pièce fait appel à la virtuosité du soliste et déploie une instrumentation riche et colorée. Le violon soyeux et plein de finesse d’Andrew Wan était très souvent à l’avant-plan dans cette œuvre (Wan joue d’ailleurs sur un magnifique violon fabriqué en 1744 par le luthier Carlo Bergonzi, élève d’Antonio Stradivari). Les difficiles passages du premier mouvement ont été interprétés avec une sonorité chaleureuse et juste par le diplômé de Julliard et professeur à McGill. Le deuxième mouvement est davantage langoureux. Ici, on a droit à un jeu très expressif et lyrique de la part du soliste. Un thème plein de vie est énoncé par Wan dans le finale, et son violon se fait plus tard dansant. Un interlude plus calme mène à un ultime crescendo. Le jeu de l’Orchestre est brillant tout au long de la pièce, et la direction énergique et précise de maestro Nagano donne beaucoup de force à l’interprétation. Charismatique et impérieux, Andrew Wan a livré une grande performance, digne d’un artiste de calibre international. On avait aussi droit à la sérénade « Petite musique de nuit », de Mozart. Composée en 1787, cette œuvre contient assurément un des airs les plus universellement connus. Le motif qui ouvre la pièce est irrésistible, même si le plaisir de l’entendre peut atténué par la surexposition de cette charmante mélodie. Le deuxième mouvement, Romanze, a été joué avec grâce, délicatesse et élégance par la vingtaine de musiciens sur scène (la pièce originale est pour quintette à cordes, mais on l’entend le plus souvent avec un orchestre à cordes réduit). Nagano a admirablement bien dirigé les instrumentistes dans un finale animé et enjoué. Pour terminer ce spectacle, l’OSM interprétait la Symphonie no. 40, de Mozart. Pour orchestre restreint (en plus des cordes, on ne retrouve que des paires de cors, de hautbois, de flûtes, de clarinettes et de bassons), ce chef-d’œuvre est son avant-dernière symphonie et a été composé en 1788, soit trois ans avant sa mort. Sa plus célèbre œuvre symphonique débute avec un thème tourmenté et obsédant aux cordes. Il reviendra tout au long de ce premier mouvement. L’interprétation est magnifique et fait ressortir toute l’expressivité de l’œuvre. La direction alerte et efficace de Nagano permet de bien rendre les variations d’intensité du deuxième mouvement. Le jeu de l’Orchestre est vivant et senti lors du finale. Le dialogue entre les cordes et les vents est sublime. Déjà excellent en temps normal, l’OSM a sûrement voulu en donner un peu plus pour cet enregistrement, dont la date de sortie n’a pas été dévoilée. Surplombés par quelques micros judicieusement disposés, les musiciens ont offert une brillante prestation. Andrew Wan nous a aussi ébloui par son grand talent. À seulement 30 ans, il possède des habiletés hors du commun. On a déjà hâte de réécouter cette performance sur disque, et également de découvrir les deux autres concertos! Réagissez à cet article / Comment this article commentaires / comments